[ITW - Partie 3] Sylvain Reghem : "Beauvais a une âme sportive"

 Football  Association Sportive Beauvais Oise   | Publié le par Bellovaque
Crédit photo : Véronique Barreiro

Troisième et dernier volet de notre entretien de mi-saison avec Sylvain Reghem, co-président de l'AS Beauvais Oise. Il est question de formation, de cohabitation et des supporters ! 

Vous avez-vous-mêmes côtoyé le centre de formation de l’ASBO dans votre jeunesse, quel est l’état des lieux de la formation made in Beauvais ?
On ne peut pas comparer un club comme Beauvais qui à l’époque évoluait en Ligue 2, avec un centre de formation qui a produit de nombreux joueurs à un club de National 3 désormais, malgré des installations meilleures qu’il y a 15 ans. On sait très bien que la formation, au-delà d’avoir de très bons éducateurs diplômés, confirmés, passera par une remontée de l’équipe première au minimum en National 1 pour ré attirer naturellement de nombreux jeunes.
Ce qui a changé aussi, c’est les parents. On est au regret de voir le comportement des parents. C’est assez dramatique parfois. Ils pensent tous que leur enfant va devenir professionnel. Contrairement à il y a 15 ou 20 ans, les parents pouvaient espérer dans leur tête que leur enfant passe un jour professionnel. Là, ils le revendiquent, c’est complètement différent.

Existe-t-il une synergie entre les clubs de football de la ville, comme il y a pu y en avoir à une époque avec le COB ?
Lorsqu’on est arrivés, nous avons été interpellés par certaines présidences de clubs beauvaisiennes. Parce qu’il existait justement des querelles entre les uns et les autres. Notre idée, c’était justement de pouvoir réunifier tout cela. A l’époque, vous le dites si justement, j’étais un garçon du COB. Je n’étais pas le seul, Jérôme Lempereur était de ma génération au COB par exemple. On avait de nombreuses interactions. Alors, certes, nous étions un peu en guéguerre lorsqu’on jouait les uns contre les autres, parce que c’était un derby, mais un derby plutôt sain. Il y avait une synergie quand même. L’état d’esprit des clubs beauvaisiens était de se dire que s’ils arrivaient à former un jeune et que demain, il perce dans le club phare de la ville, c’était une fierté. Aujourd’hui, on n’est pas du tout confronté à ces cas de figure puisque les relations sont plutôt insipides. Nous avions reçu la saison passée des présidents de clubs de la ville, pour se présenter et expliquer que nous souhaitions travailler main dans la main avec tout le monde et que le but était que nos jeunes beauvaisiens, quel que soit le club puissent s’épanouir. Si jamais, des jeunes étaient meilleurs que d’autres, plutôt que d’aller jouer à 60km de là, avec tout ce que cela comporte, nous étions prêts à les accueillir dans des conditions intéressantes.

Actuellement, on n’a malheureusement pas de relations avec ces clubs. La mort du COB a fait beaucoup de mal au football beauvaisien, il faut être clair. Logiquement, ça devra encore passer par là dans le temps. Si tout le monde accepte que de fait, l’ASBO est le club phare beauvaisien. Que l’ASBO puisse redevenir le club phare de l’Oise, il faudra que l’on passe par là avec la réunification de tous les clubs beauvaisiens mais aussi aux alentours. C’était le cas il y a 15, 20 ans, les jeunes de Creil, Compiègne, Chantilly à l’époque venaient à Beauvais.


"C’est une ville qui a une âme sportive"



Cette saison, vous devez partager le stade avec le rugby et avec le club de football de Chambly, comment se déroule ce ménage à trois ?
Il se déroule bien. On a fait une demande qui a été respectée. On voulait être le seul match du week-end. En dehors de quelques cas exceptionnels, cette demande est appliquée. On ne se voit pas, ou très peu, donc lorsqu’on joue à domicile le week-end on se sent chez nous. Même si au terme des rencontres il faut retirer les publicités, tout ce que l’on peut mettre pour faire du marketing, on doit vider nos locaux, les buvettes etc… Il y a une notion de partage qui peut paraître logique entre gens de Beauvais. Chambly vient une saison pour jouer, il paie pour ça. On n’a rien contre Chambly, mais chacun doit jouer chez soi.


Vous jetez un œil aux résultats sportifs des autres associations sportives de la ville ?
Oui, régulièrement le rugby, le volley, le basket parce que je suis aussi avant tout un fan de sports et j’aime Beauvais. Je suis toujours bienveillant de regarder ce qui se passe et content lorsqu’il y a des victoires. Je suis forcément heureux lorsque Beauvais gagne, lorsque la ville gagne. On se souvient à l’époque lorsqu’on avait le football en D2, le basket en Pro B. Le volley est venu s’interférer juste après et est allé jusqu’à gagner la Coupe de France. Ça a été magique pour une ville comme Beauvais qui avait été élu ville la plus sportive en 2006. Ce n’est pas rien quand même.
Sportivement, c’est important qu’il y ait une émulation. Aujourd’hui le rugby, le basket, le volley et le foot sont dans la course à la montée. Une émulation c’est toujours important dans une ville. Il faut que les gens retrouvent le goût d’aller au stade que ce soit pour le football, le rugby, le basket etc… et qu’il y ait une notion générale de victoires et d’osmose. Je pense que ça ne peut être que positif. Il y a toujours eu différents potentiels à Beauvais. C’est une ville qui a une âme sportive.

Pour finir, que peut-on vous souhaiter pour cette année 2020 ?
La santé pour tout le monde ! Sans la santé, on arrive à rien. C’est très important, lorsqu’on voit la tragédie concernant Kobe Bryant (NDLR : La légende du basket américain est décédé dans un accident d’hélicoptère le 26 janvier, la veille de cet entretien) la vie va tellement vite, il faut profiter de chaque instant de bonheur que l’on peut se donner. La vie n’est pas toujours simple mais il faut savoir profiter des bons instants. Et puis bien sûr, une montée en National 2 avec les tripes, qui nous permettra de gagner en mental pour les années à venir.

Et puis je voudrais avoir un mot pour nos supporters, particulièrement le Collectif Isarien qui nous suit depuis deux ans, qui suivait déjà le club avant notre venue, dans les moments intéressants comme dans les moments difficiles. Je pense et j’espère qu’ils seront récompensés. On est à l’aube de quelque chose qui va être bénéfique pour tout le monde. On a besoin de nos supporters, les joueurs y ont pris goût. On voit bien qu’il y a une cohésion qui est en train de se créer. Je tiens à finir là-dessus, parce que lorsqu’on se déplace on est Beauvais, on le revendique. On se déplace avec nos supporters et ça a franchement de la gueule ! Ça nous aide, et ça nous aidera.