[Partie 2] Stabilité et ambition au cœur du projet de l'ASBO

 Football  Association Sportive Beauvais Oise   | Publié le par Bellovaque
Crédit photo : ASBO

Suite de notre entretien avec les présidents de l'AS Beauvais Oise, Guillaume Godin et Sylvain Reghem, réalisé en début de semaine. Retour sur la crise sanitaire et économique actuelle, sur les projections budgétaires, présentation du club des partenaires et objectifs de la saison à venir. 

L’ASBO possédait un budget de 1.2M€ la saison passée, c’était justement le budget moyen en N2. Récemment, un collectif de clubs de N2 s’inquiétait des répercussions de la crise sanitaire sur l’économie des clubs, prévoyant une baisse importante des moyens et un budget moyen qui descendrait à 900 000€. Qu’en est-il à l’ASBO ?
S.R : C’est toute la question aujourd’hui. Guillaume le disait en préambule, on y va par étape. La première des priorités c’est vraiment de bâtir un budget pour la saison prochaine. On ne sait pas exactement ce qu’il en sera à l’heure actuelle. On a un panel d’entreprises privées que l’on connaît bien, il n’y a pas de défections particulières. Ce qui nous intéresse c’est de savoir comment ils vont eux, déjà. Ce sont des gens qui souhaitent continuer à nous soutenir, après à quelle hauteur ? Nous sommes en train de travailler avec eux. Bien entendu, dans cette période, il ne faut pas rêver. On ne va pas avoir un budget qui va osciller à +30% / +40%. C’est quasiment impossible. Ce n’est pas non plus dans notre volonté. On travaille là-dessus, il est prématuré de donner un montant.
G.G : C’est une période compliquée. Aller voir une entreprise pour lui demander du sponsoring actuellement, ce n’est pas facile. Dès fois, on y va pour, on discute et on ne demande même pas parce que ce n’est pas le moment, tout simplement. Si on pouvait conserver le même budget que la saison dernière, ce serait déjà une bonne chose. On y travaille au quotidien, on essaie de renforcer le partenariat même dans une période compliquée. On reste relativement confiant, parce qu’on avait des engagements avec nos partenaires sur plusieurs saisons. Il y a de petites choses qui peuvent être remises en cause. Mais la plupart de nos partenaires sont engagés pour trois saisons, ça représente 80% de nos partenaires privés aujourd’hui. C’est plutôt rassurant. Maintenant, aller chercher un budget bien supérieur à celui de la saison dernière, ce serait prétentieux et ce serait compliqué.

Comment le club a-t-il géré cette crise sanitaire, doublée d’une crise économique ?
G.G : On a cessé toutes les activités du club, dès que ça a débuté. On avait même un peu anticipé, en fermant l’accès à nos installations en dehors de l’équipe fanion dès le début mars. Le 13 mars, on a envoyé tous les joueurs chez eux. Le club est sans activité depuis le 13 mars au soir. On a eu recours au chômage partiel pour tous les salariés du club.

Comment avez-vous gardé le contact avec le club durant cette période ?
S.R : Concernant les administratifs, ce sont des relations téléphoniques, déjà pour savoir comment les gens se portent, eux et leur famille. Ensuite, concernant le staff, nous avons des relations régulières avec Sébastien Dailly. Toujours pour savoir comment les joueurs vont, ainsi que leurs familles respectives. Les joueurs eux, échangent via un groupe WhatsApp comme beaucoup désormais. Ils sont restés en contact entre eux. Sébastien Dailly était en relation une fois par semaine avec eux pour avoir des nouvelles.


Vous expliquiez récemment sur le site officiel que le club des partenaires comptait pas moins de 48 entreprises et que l’objectif à court terme était d’atteindre les 100. Comment comptez-vous y parvenir et à combien s’élève le ticket d’entrée ?
S.R : On a effectivement 48 partenaires privés aujourd’hui, ce qui est intéressant. Bien sûr, avec Guillaume, notre objectif est de monter un « club des 100 ». On avait ça comme idée tout au départ lorsque nous avons repris le club. Parce qu’on sait très bien que plus nous aurons de partenaires, plus nous aurons une force financière et plus nous aurons la possibilité d’avoir une équipe compétitive. C’est le principe des vases communicants. 100, parce que c’est symbolique. Comment ? En ayant une image comme on le montre depuis deux ans. Une image respectueuse des gens de Beauvais, des supporters, de ceux travaillant pour nous. Une image qui fait revenir des gens qui n’étaient plus présents dans le giron du club depuis de nombreuses années. Et puis, travailler au quotidien les partenaires privés. Pas uniquement pour aller chercher de l’argent, mais aussi pour leur apporter des choses. Un « club des 100 » demain, comme un club des 48 aujourd’hui fait qu’on arrive à les réunifier deux à trois fois par an. Il y a un vivier économique beauvaisien qui est important. Nos partenaires viennent au club pour donner un coup de main mais également pour se faire référencer auprès de tout un chacun, institutionnel ou privé, afin de créer une synergie professionnelle entre eux, pour que du business se créé. Beauvais c’est plus de 56 000 habitants, un nombre de sociétés assez important.

Les résultats faisant, l’image de marque naissante, nouvelle fait qu’on va attirer d’autres entreprises privées dans les prochains mois, c’est une certitude. Il y a aussi une recherche, on rencontre du monde, on fait de la cooptation, des soirées privées. Concernant le ticket d’entrée, il y a deux formes. Il y a du mécénat et puis si on cherche du visuel, du sponsoring, le ticket d’entrée est de 3000€, pour faire du passage sur la panneautique LED durant les matchs.

G.G : C’est un package que l’on vend. Le premier prix c’est un certain laps de temps d’affichage sur les panneaux LED du stade qui s’accompagne toujours de prestations hors-match : pot d’avant-match, pot d’après-match avec les joueurs, les soirées partenaires pendant la saison, les petit-déjeuner lorsqu’on en organise... L’idée est de créer un petit réseau autour du club. On essaie d’inscrire les gens dans l’histoire qu’on est en train d’écrire. Il y a des passionnés de football qui adhèrent à ça. D’autres ne sont pas forcément passionnés mais ils adhèrent aussi à notre projet.


Est-ce que vous pensez que cette montée peut justement amener plus de crédibilité à votre projet et motiver des partenaires jusque-là réticents ?

G.G : C’est difficile de pouvoir mesurer l’impact de cette montée parce qu’on vit une période qui chamboule tout. Aujourd’hui, je vous dis non, parce qu’on n’a pas vécu l’impact. Dans un monde normal, oui. Parce que ça nous fait monter d’un cran, parce qu’on commence à être la seule équipe du National 2 du secteur. On se détache peut-être de Chantilly, de Senlis. On est en train de remonter à un niveau plus pertinent. Maintenant, on n’a pas pu le mesurer parce que la période économique est relativement compliquée.


"On essaie d’inscrire les gens dans l’histoire qu’on est en train d’écrire"


Quels sont les objectifs sportifs fixés au club pour la prochaine saison ?

S.R : C’est déjà une politique d’image ! Il y a des objectifs sportifs purs. Mais notre première politique sportive, c’est celle de l’image. Sportivement, vous connaissez le projet que l’on a, c’est la Ligue 2 en six ans. On est là depuis deux ans et on est déjà monté d’un palier. Sportivement, c’est de figurer au mieux la saison prochaine en National 2 et de limiter les écarts entre nos équipes séniors A,B et C. Avec 1.2M€ nous avions un très bon budget en National 3, ce sera en National 2 un budget moyen qui sera peut-être d’ailleurs inférieur à 1.2M€. Il faudra recruter intelligemment. Sur l’équipe féminine, on reste un peu sur notre faim avec cette fin de saison prématurée. Les filles étaient sur une dynamique très intéressante.

G.G : Un peu à l’image de l’équipe première, elles étaient reparties en 2020 relativement bien après un début de saison un peu compliqué.

S.R : Kader Sahnoun travaille très bien depuis plusieurs années, il y a un bon petit vivier. On a une grosse section féminine, on sait qu’on a des jeunes qui poussent. On n’est pas inquiet pour nos objectifs, on l’a affiché dès notre venue, on souhaite monter cette équipe féminine en D2. Dire que ce sera l’année prochaine, ce n’est pas évident mais dans les deux trois ans c’est une possibilité. Concernant les jeunes, on souhaite conserver cette image positive encore une fois. Sportivement, il y a des choses à améliorer, on le sait. Une mention spéciale à nos 18 ans, dans notre projet on souhaite les voir accéder au niveau national dans les six ans. Ils terminent second cette saison, le premier (NDLR : Chambly) était intouchable. Ça laisse présager de belles choses pour cette génération-là. Plus bas, on a des éducateurs qui s’investissent. Ce que l’on regarde, c’est qu’on n’a pas eu de problème de discipline cette année. On a regardé, par rapport à la première saison, on a pratiquement 70% de cartons rouges en moins sur tout le club. Ce n’est pas neutre. Il y en avait beaucoup trop par le passé. Il y a eu une prise de conscience générale du club et des éducateurs. Certes, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous mais on a axé le travail sur la discipline.

G.G : On doit rehausser le niveau progressivement. Dans notre stratégie, on a observé que tous les clubs essayant à un moment de rebâtir la formation de A à Z. Et sans avoir une équipe fanion qui a un niveau cohérent, ça ne marche pas. Il faut lier les deux ensembles, tirer le club vers le haut. Il fallait préparer l’encadrement, chose qu’on a faite. On sait que la réussite de l’équipe première fera revenir de bons jeunes à Beauvais.

S.R : On sait qu’un club comme Beauvais, à l’avenir, devra avoir une excellente formation. Beauvais n’aura jamais le budget du PSG. Ce qui fera la différence à un moment donné, lorsqu’on arrivera au niveau National 1, ce sera la faculté d’avoir des jeunes du cru, du club, qui puissent intégrer l’équipe fanion. On a un peu de retard actuellement, en étant le plus transparent possible. La formation se bâtit sur une dizaine d’années. On travaille fortement sur la génération U10, U11, U12, U13. C’est ces générations-là qui dans cinq-six ans seront aux portes des seniors. Là on espère vraiment avoir des générations successives, apportant tous les ans deux ou trois joueurs dans l’équipe fanion. C’est la règle globalement, ça l’est encore plus pour des clubs qui n’auront jamais des moyens très importants et qui ne pourront faire différemment.


Vous avez une préférence entre le groupe Est et le groupe Ouest de National 2 ?

G.G : Les déplacements à l’est sont un peu moins compliqués, avec quelques déplacements dans le Nord. Les déplacements à l’ouest, en Bretagne notamment, seront plus complexes au niveau de la route. Après, sportivement, il y a des équipes costaudes dans chaque groupe.

S.R : Il y aura un épouvantail dans le groupe Est certainement : Sedan. Comme il l’est depuis quelques saisons sans parvenir à monter. On verra comment ils parviennent à se reconstruire. L’Est il faut y aller, Haguenau, Belfort, Schiltigheim, Epinal, Mulhouse…

G.G : De l’autre côté, aussi avec des formations comme Chartres, Rouen ou Saint-Malo.
S.R : Il faut aussi prendre en compte les réserves, dans le groupe Est on se dirige vers quatre réserves de Ligue 1 cette fois-ci. L’un dans l’autre, ça va se valoir. Après, au niveau des déplacements, personnellement je préfère aller à l’ouest de Rouen. De chez moi je gagne 1h15 (rires).