Retro ASBM partie 1 : Maurice Barreau

 Football  Association Sportive Beauvais Oise   | Publié le par Alex
Crédit photo : Tribune Beauvaisienn

Premier volet de notre rétrospective consacrée à l'AS Beauvais Marissel aujourd'hui. Nous avons rencontré Maurice Barreau, gardien et capitaine de l'ASBM des années 60-70 qui fut également l'un des gardiens emblématiques des années glorieuses du Stade de Reims dans les années 60.

Vous êtes né à Cuq dans le Pas-de Calais avant de grandir à Gouvieux. Là-bas vous découvrez le football avant de partir à l’ASBM.

J’ai débuté le football à 9-10 ans. En minimes et cadets, je jouais avant-centre. J’ai notamment obtenu une sélection en équipe de l’Oise cadets. Ce jour-là notre gardien se blesse à la mi-temps et je me propose pour le remplacer. Depuis, je n’ai plus jamais quitté ce poste de ma carrière.

Plus tard, je déménage à Beauvais pour effectuer mes études au collège technique de Beauvais. Très vite, je signe à l’AS Beauvais Marissel en tant que gardien. J’effectuai une année en seniors avec l’ASBM tout en travaillant aux Ponts et Chaussées.


Peu de temps après la Coupe du Monde 1958, vous jouez un match amical contre Reims qui vous repère tout de suite.

Mon parcours à Reims a débuté grâce à ce match amical entre Reims et Beauvais en effet. Antonio de Hojas mon entraîneur de Beauvais de l’époque à qui je dois beaucoup dans ma carrière, m’a présenté à Albert Batteux qu’il connaissait personnellement.  En 1959 je débarque donc au Stade de Reims. Je suis présenté à toute l’équipe dans le restaurant que le Stade fréquentait à l’époque. Puis ensuite, je suis parti effectuer mon service militaire à Laon dont je fus libéré en février 1961. Je suis revenu à Reims en qualité de cinquième gardien, il y avait notamment Dominique Colonna et Marcel Dantheny devant moi. Au club, j'ai notamment pu côtoyer Just Fontaine, Raymond Kopa, Roger Piantoni et tant d'autres.

La saison suivante, j’ai eu la chance de montrer mes qualités une semaine où Colonna le titulaire de l’époque se blesse. J’ai eu la confiance d’Albert Batteux et j’ai pu débuter en pro lors d’un match contre Angers où nous gagnons 3-0. Je suis resté titulaire jusqu’à la fin de la saison et nous avons gagné le titre de champion sur cette saison 1961-1962. Nous sommes ensuite allés effectuer une tournée en Amérique du Sud et Amérique Centrale pendant 6 semaines. J’avais joué là-bas tous les matches de la tournée.

Lors de la saison 1962-1963, je débute en tant que remplaçant. Mais je reprends ensuite ma place de titulaire et nous finissons finalement vice-champion de France et demi-finaliste de la Coupe de France.


Sur cette saison vous participez d’ailleurs à la Coupe d’Europe avec Reims

Ça reste une immense frustration. En quarts de finale aller nous perdons 1-0 à l’aller au Parc des Princes. Puis nous faisons match nul (1-1) dans le stade de Rotterdam lors du retour. Je me souviens que le match était très compliqué à gérer, les supporters étaient très près de nous au bord du terrain !


Vous revenez à l’ASBM en 1965 où vous êtes gardien mais aussi capitaine, comment avez-vous appréhendé ce rôle ?

Avec ce statut, on est forcé de montrer l’exemple. Il faut recadrer les joueurs qui ont quelques moments de laisser-aller parfois et créer une bonne ambiance sur le terrain et en dehors. Mais avant tout, il faut se faire plaisir.

Durant ces dix ans, j’ai vécu de très bons moments à l’ASBM avec notamment 8 victoires en Coupe de l'Oise à notre actif. J’ai le souvenir de gros derbies contre Breteuil, Creil, Noyon entre autres.

Vous avez également entraîné Beauvais une saison lors de l’année 1980-1981.

Les joueurs majeurs étant partis, j’ai fait avec les moyens du bord en intégrant beaucoup de jeunes et de juniors comme Aziz Ademi. Ce fut une saison difficile mais finalement on se sauve de justesse à la dernière journée grâce à une victoire contre le premier du championnat.

J’ai également vécu une belle expérience du côté de Chaumont en Vexin dont j’ai entraîné le club durant 9 saisons. Je garde toujours de bons contacts là-bas. J’ai également passé 3 ans à Allonne en tant qu’entraîneur un peu plus tard.

Concernant Beauvais, je regrette aujourd’hui que le club oublie ses anciens ces dernières années. Comme Pierre Omet, joueur et personnage emblématique du club de l'AS Beauvais Marissel qui est décédé d'un accident de voiture lors d’un déplacement pour un match de vétérans. Le panneau du stade Pierre Omet a été enlevée puisque l'ancien centre a été baptisé pôle Bruno Metsu. On aurait peut-être pu faire honneur à de véritables serviteurs du club comme Messieurs Ponticelli, Foveaux et Masse par exemple...


Vous avez choisi de rester amateur toute votre carrière, pourquoi ce choix ?

Je ne souhaitais pas faire partie de l’univers professionnel. Les joueurs français étaient bridés par le « système ». Je me souviens que mon coéquipier à Reims Raymond Kopa avait sorti dans les colonnes de France Dimanche que « le joueur professionnel français était un esclave ».

De ce fait, j’ai été champion de France chez les pros avec mon statut d’amateur. Et puis ça m’a surtout permis d’être international en équipe de France amateur lors de mon retour à Beauvais. J’ai même été pré-sélectionné pour les Jeux Olympiques de Mexico en 1968. Nous avions effectué la préparation à Font-Romeu pour nous acclimater aux effets de l’altitude et j’étais confiant quant au fait de participer à ces Jeux. Mais le dimanche soir de l’annonce, le sélectionneur Jean Rigal m’a finalement expliqué que je n’étais pas pris à la grande surprise des spécialistes car j’avais été très bon pendant les matches de préparation contrairement à un participant qui ne supportait pas l’altitude. L’année d’après, ils ont voulu me recontacter mais j’ai refusé.

Je crois que cet épisode reste comme le plus grand regret de ma carrière…


Vous suivez toujours le football aujourd’hui ?

Oui je continue toujours à regarder les grands matches à la télévision. Comme je dis, la famille, le travail et le sport, ce sont les trois carburants de la vie.

Beaucoup de choses ont changé par rapport à mon époque ! A mon poste, par exemple, il n’y avait pas d’entraîneur de gardiens attitré comme maintenant. L’entraînement était beaucoup  moins professionnel qu’aujourd’hui. L’entrainement durait seulement 2 heures le matin, nous étions plus libres de nos mouvements, moins cadrés.

Ce qui a changé également aujourd’hui, c’est la rapidité du jeu. J’ai eu l’occasion d’assister à un match du Real Madrid à Bernabeu contre Marseille il y a une quinzaine d’années car ma femme est d’origine espagnole.  J’ai vraiment été impressionné par le rythme des matches, notamment en Coupe d’Europe. Cela n’avait absolument rien à voir avec l’époque où j’étais joueur !